Interview de Radio Thésards pour HackYourPhD

HackYourPhD a eu la chance de rencontrer David Christoffel. David, journaliste à France Culture Plus donne la parole à des doctorants sur Radio Thésards. Avec 70 interviews de doctorants de sciences « dures » ou de SHS réalisées, Radio Thésards est une initiative à grande valeur ajoutée pour faire découvrir à un large public les travaux de ces jeunes chercheurs.

radiothesards

Comment t’es venu l’idée de Radio Thésards ?

Ce qui m’intéressait au départ, c’était de chercher une parole qui arrive à être à la fois personnelle et scientifique. Une sorte d’idéal radiophonique. L’idée d’interviewer des jeunes chercheurs sur leur thèse, c’est-à-dire leur première recherche, reposait surtout sur l’espoir de recueillir une parole qui se cherche, qui pourrait raconter ses tâtonnements et ses acquis dans le même temps.
 

Tu as pu interviewer un grand nombre de doctorants ? Comment les as tu rencontrés ?

Oui, j’ai dû interviewer à peu près 70 doctorants. Je lis tous les jours plusieurs centaines de titres de thèses via le flux RSS de theses.fr et je me documente sur les auteurs des travaux qui me semblent les plus singuliers par rapport à leur discipline. Au début, je ciblais surtout les doctorants dont l’objet d’étude force à renouveler l’approche de leur domaine. Maintenant, je me concentre sur ceux qui peuvent témoigner d’une méthode particulièrement créative. Et à l’avenir, j’aimerais les interroger sur leurs stratégies de rayonnement, sur ce que l’anticipation des résultats et leurs ambitions personnelles peuvent même modifier au cours de la recherche.

Tu as interviewé des doctorants aussi bien de sciences dures que des sciences humaines et sociales? As tu senti des façons différentes d’aborder le doctorat chez eux?

Oui, il semblerait que les sciences dures donnent aux doctorants un rapport plus explicite avec les enjeux de collaboration. J’ai l’impression qu’ils souffrent moins de flou dans les rapports avec leurs encadrants, mais qu’il y a aussi moins de marges de manœuvre dans les évolutions qu’ils peuvent projeter sur leur avenir dans le champ de la recherche. Mais c’est aussi là-dessus que l’écart entre les sciences dures et les SHS me semble se resserrer, depuis que les parcours se fixent sur des calendriers pré-rationalisés.

As-tu pu voir une évolution au cours des années des préoccupations et questionnements des doctorants au sujet de leur thèse?

J’ai l’impression que les doctorants subissent davantage de pressions, mais qu’ils en ont une conscience beaucoup plus aiguë. De ce point de vue, les questionnements n’ont pas vraiment changé de nature. Il s’agit toujours de chercher des façons de s’épanouir dans des horizons institutionnels qui ont l’air de plus en plus étroits.

HackYourPhD s’intéresse aux nouvelles pratiques de recherche et à la science ouverte: transparence, open access, open data, … Est-ce des thèmes qui sont apparus lors de tes conversations avec les doctorants?

J’ai pu constater que les manières de se documenter impliquaient très spontanément les outils numériques et que les pratiques collaboratives intègrent les autres champs de recherche avec plus d’évidence. En revanche, on ne peut pas encore dire que la culture de la science ouverte est intégrée. Je me demande si elle ne devrait pas venir des laboratoires, au moment de l’incitation à publication qui me semble encore l’objet de beaucoup d’incertitudes.
Merci à David Christoffel pour nous avoir accordé un peu de temps!

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